En réponse au défi du journal Le Devoir, une comparaison historique des magouilles électorales de la classe dirigeante de 1792 à aujourd’hui s’impose.

Dans son édition du 20 mai, Le Devoir mettait les passionnés d’histoire au défi de faire une comparaison d’un thème d’actualité avec un événement ou un personnage historique.

En ce lendemain de Journée nationale des patriotes, il serait opportun d’examiner les similitudes entre les magouillages et les tentatives de perversion du droit au cours des premières campagnes électorales de la Belle Province et ce qui se fait aujourd’hui, 225 ans plus tard.

Pour le plaisir de la chose, comparons les similitudes entre les tactiques de la « clique du Château » dès 1792 et celles du présent gouvernement pour faire adopter la loi sur les hydrocarbures.

L’article rédigé par Anne-Marie Sicotte décrit les manœuvres plus que douteuses employées dès cette époque pour « jouer » avec la carte électorale; ainsi on découpe des comtés qui favorisent les amis du régime et qui nuisent aux députés qui ont à cœur les intérêts de leurs citoyens. Alors, rien de nouveau sous le soleil lorsqu’on tente de faire disparaître le comté de Sainte-Marie–Saint-Jacques pour empêcher la députée de Québec Solidaire, Manon Massé, de faire partie à nouveau de l’Assemblée nationale.

À l’époque, on reprochait au candidat Young dans la Basse-Ville de Québec d’offrir des tranches de jambon, de l’eau-de-vie, du vin de Madère, de la bière et des dindes comme générosités en faveur des personnes qui votaient « du bon bord ». Maurice Duplessis n’a rien inventé avec ses campagnes électorales dans les années cinquante.

Lorsqu’il s’agit d’acheter le consensus social, le lobby pétrolier est légèrement plus subtil que le candidat Young. L’hiver dernier, l’entreprise TransCanada lançait un programme de bourses d’études valant jusqu’à 250 000 $ et s’adressant aux jeunes Québécois vivants près du tracé du futur pipeline Énergie Est. De généreuses bourses d’études pour ces étudiants, quelle grandeur d’âme !

En parlant d’amis du régime qui ont l’accès facile au gouvernement, en septembre dernier, le Commissaire au lobbyisme annonçait qu’à cause des contraintes budgétaires et d’une augmentation de 31 % du nombre de lobbyistes, il n’a pu compléter autant d’activités de surveillance que voulu.

L’austérité budgétaire serait-elle un moyen de museler le chien de garde qui est chargé de faire respecter l’éthique ? La presse et le commissaire au lobbyisme doivent dénoncer des réunions derrière des portes closes, comme ce qui s’est produit avec l’affaire Charest et l’ONÉ.

L’historienne Anne-Marie Sicotte décrit divers stratagèmes qui étaient utilisés pour prostituer le processus électoral en faveur des amis du régime en 1792. Aujourd’hui, on constate la prostitution du concept de consensus social lorsque le gouvernement du PLQ lance le projet de loi 106 sur les hydrocarbures deux jours avant les vacances, et que, pour maximiser les chances que ce projet de loi abject passe sous le radar de l’opinion publique, la commission parlementaire débute le 16 août 2016, au retour. Malgré le rejet de l’industrie des gaz de schiste par deux BAPE (273 et 307) et deux EES, et pour mieux abdiquer les droits des citoyens en faveur de l’industrie des fossiles, le ministre Arcand fait quand même adopter la loi sur les hydrocarbures sous bâillon le 10 décembre 2016.

En ce jour des patriotes, est-ce que les batailles de William Lyon Mackenzie contre le Family Compact dans le Haut-Canada et celle de Louis Joseph Papineau contre la clique du Château dans le Bas-Canada ont été menées en vain ? En 1849, des marchands ont incendié le parlement plutôt que d’accepter le principe du gouvernement responsable. Est-ce que la loi sur les hydrocarbures nous amène à « brûler » le principe de la démocratie ?

Sommes-nous, encore et toujours, en train de nous battre contre les intérêts des lobbys et du 1 % ?