Un pipeline vieillissant en proie à des problèmes de sécurité et à des fuites continue d'opérer à proximité des deux plus grandes villes canadiennes, malgré des infractions répétées et de sérieux avertissements de deux hauts fonctionnaires de l'Office national de l'énergie (ONÉ) qui demandent sa fermeture pour réparation.

La compagnie qui opère l'oléoduc, Pipeline Trans-Nord Inc. (PTNI), est la propriété commune de trois des plus grandes compagnies pétrolières de la planète : Imperial Oil, Royal Dutch Shell et Suncor.

L'ONÉ, qui est le régulateur des pipelines au Canada, a découvert que l'oléoduc situé en Ontario et au Québec était une menace pour la sécurité publique suite à des problèmes de fuites et à des incidents de surpression. Ces événements ont fait l'objet de trois ordonnances de sécurité distinctes de l'ONÉ en 2009 et en 2010.

Puisque les problèmes avec ce pipeline se sont accentués depuis, l'ONÉ a émis une nouvelle ordonnance de sécurité le 20 septembre 2016. Cela dit, l'opérateur peut continuer à transporter des produits pétroliers à proximité des résidences de millions de Canadiens, mais en réduisant la pression de 10 pour cent. L'Office a également imposé une série de conditions exigeant à l'entreprise d'effectuer des inspections supplémentaires, des évaluations techniques et une amélioration de ses pratiques de sécurité.

Le pipeline est connecté aux aéroports de Toronto et de Montréal

L'oléoduc transporte jusqu'à 172 900 barils de produits pétroliers raffinés chaque jour, approvisionnant des aéroports majeurs tels Pearson et Trudeau. La diminution de la pression du pipeline, qui est également connecté à la région d'Ottawa, a été associée durant le long congé de l'Action de grâce à des pénuries d'essence et à des prix plus élevés à la pompe en Ontario et au Québec.

Deux membres de l'Office ont critiqué la décision de l'organisme de maintenir le pipeline en activité, dénonçant la compagnie qui a enfreint les règles et qui a mis à risque la sécurité du public.

Les membres de l'ONÉ, James Ballem, un ancien ministre provincial de l'Île-du-Prince-Édouard et Mike Richmond, un avocat de Toronto originaire de Montréal, ont déclaré qu'ils considèrent que la décision de laisser le pipeline en fonction est une mauvaise idée. Ils recommandent un arrêt temporaire, le temps que l'entreprise refasse ses devoirs.

« PTNI a eu six ans pour se conformer aux nombreuses ordonnances de sécurité émises par l'Office, mais elle a échoué à pleinement les respecter », ont écrit Ballem et Richmond dans une note d'opinion divergente accompagnant la décision du 20 septembre 2016. « Nous ne sommes pas certains qu'une nouvelle ordonnance de sécurité similaire garantira que les changements nécessaires seront appliqués cette fois-ci afin de rendre le pipeline le plus sécuritaire possible. »

Joint par téléphone lundi matin, le directeur des affaires réglementaires et externes de PTNI, Gail Sharko, a demandé au National Observer les questions par courriel, mais il n'a pas été en mesure de partagé immédiatement de nouvelle information au sujet des actions effectuées par la compagnie afin de répondre à l'ordonnance de sécurité.

Ballem et Richmond critiquent vertement la compagnie pour avoir violé les règles fédérales.

« Nous sommes d'accord avec la Majorité que si et quand toutes les mesures de l'ordonnance de sécurité seront mises en place, le pipeline sera le plus sécuritaire possible. Cela dit, jusqu'à ce que ces mesures soient pleinement respectées, nous aurions préféré que le système pipelinière soit arrêté parce que les contrôles actuels de PTNI ne répondent pas aux exigences de l'ONÉ ou du CSA Z662-15. » Le CSA Z662-15 est la dernière édition du protocole de sécurité pour les pipelines du Groupe CSA (Canadian Standards Association).

Les propriétaires fonciers qui vivent près de la ligne de Trans-Nord disent que c'est un autre exemple démontrant que le régulateur canadien est une agence fédérale faible qui traite les compagnies pétrolières comme des clients au lieu de les forcer à suivre les règlements.

Traduction par écoQuébec Info

Lire la version originale de ce texte en anglais ici.

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